Syndicalisme et politique un nouvel élan ?

« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. »

Serge Bontoux

Chacun·e aura reconnu la célèbre citation d’Antonio Gramsci, tirée des Carnets de prison, en 1930. Le philosophe marxiste et antifasciste emprisonné par Mussolini décrivait une situation générale qui, hélas, n’est pas sans rappeler la nôtre, toutes proportions gardées.

Car à quoi sont confrontés le salariat et le mouvement syndical français en ce printemps 2023 ?

D’abord à une atmosphère de crise mondiale, économique avec comme conséquence une inflation qui rogne les revenus salariés, écologique qui suscite à juste titre l’anxiété, notamment chez les jeunes générations, et politique avec l’essor ininterrompu des pulsions nationalistes et le retour à la guerre en Europe.

Mais les choses ne sont pas figées et, si le syndicalisme le souhaite, le monde des possibles reste ouvert.

C’est ce que démontre, à l’échelle de la France, l’impressionnant et fertile mouvement contre la « réforme » des retraites. Quelle qu’en soit l’issue, il aura démontré la force maintenue du mouvement syndical, mais aussi posé la question du débouché politique au mouvement social.

Si l’action syndicale ne parvient pas à elle seule à s’opposer à des mesures régressives, imposées par la «force injuste de la loi», il faut bien s’appuyer également sur la perspective d’une capacité à créer les conditions d’une alternance politique progressiste, tout en préservant l’indépendance syndicale .

Et ce dans le souci d’éviter qu’en l’absence de réponses démocratiques et sociales, le pays ne soit tenté, comme c’est déjà le cas en Italie, par une fuite en avant dans le repli nationaliste, xénophobe et raciste.

Ce dossier se propose de poser des questions, d’esquisser des analyses, voire des perspectives, sur la situation du mouvement syndical à la lumière du mouvement contre la « réforme » des retraites, sur la cohérence des attaques libérales menées par le pouvoir actuel, sur la nature possible ou souhaitable des liens entre syndicalisme et politique, sur les perspectives de rassemblement du syndicalisme «de transformation sociale», voire d’unification.

Lire la suite du dossier dans le numéro d’enjeux 281