Femmes et conflits armés : l'urgence d'agir
Intervention de CLAIRE FORTASSIN au nom du collectif UA femmes (extraits : https://unite-action.fr/)
Nous avons travaillé au sein du collectif UA femmes sur la question des femmes dans nos analyses portées sur la guerre. Sur 33 000 victimes civiles des conflits, plus de13 000 étaient des femmes, soit environ 40 % des morts civiles ; à cela s’ajoutent près de 30 % d’enfants.
Cela fait près de 25 ans qu’une résolution de l’ONU, appelle à la protection des femmes en temps de conflit et à leur pleine participation aux processus de paix. Pourtant, cette résolution reste encore trop souvent lettre morte.
Le dernier rapport d’ONU Femmes, publié en octobre 2024, révèle une aggravation des violences sexistes dans les zones de conflit. La violence sexuelle est l’arme la plus brutale et la plus insidieuse utilisée dans les conflits : en 2023, les cas signalés ont augmenté de 50 % par rapport à 2022, tandis que le nombre de jeunes filles victimes a augmenté de 35 %.
Le viol en temps de guerre n’est pas un dommage collatéral : il est souvent utilisé de façon systématique, comme arme de terreur et de domination. Il est aussi un instrument séculaire de domination coloniale et d’humiliation.
Il nous faut clairement établir le lien entre le patriarcat et ses structures oppressives et la guerre : la domination masculine par son fonctionnement, son rapport à la violence, et le fait qu’elle se nourrisse de l’oppression de plus d’une moitié de l’humanité rend la paix inaccessible.
Ce constat est accablant mais essentiel : la domination masculine ne s’arrête pas à la porte des conflits, elle s’y déchaîne même, instrumentalisant la guerre pour renforcer les violences sexuelles et de genre, l’oppression, l’instrumentalisation et la marchandisation des corps des femmes.
Notre féminisme comme notre syndicalisme de transformation sociale ne peuvent faire l’impasse sur la question de la paix et du refus clair et définitif des conflits armés, sous peine de perdre tout leur sens. La guerre est l’antithèse de la justice sociale. Elle est le visage brutal d’un système patriarcal et capitaliste qui exploite les femmes, les travailleuses, les peuples.
