La FSU forte de son orientation et de sa structuration originales dans le mouvement syndical !

Introduction
Quelques mois après la tenue de son 11e congrès à Rennes lors duquel la FSU a actualisé son analyse et ses mandats revendicatifs, la FSU continue de tenir une place originale dans le mouvement syndical, soucieuse que celui-ci soit à la hauteur de tous les défis lancés dans une France et un monde en plein bouleversement. Ce congrès a confirmé que, résolument, l’ADN de la FSU était de faire vivre une force syndicale qui, loin d’être centrée sur ses seuls intérêts immédiats, cherche à agir, à partir de son champ d’intervention, et à faire bouger les lignes pour faire progresser sans cesse les intérêts du monde du travail.
Une originalité sans cesse renouvelée et consolidée
Depuis 1993, la Fédération syndicale unitaire, tirant le bilan des impasses de l’orientation de la FEN qui venait d’exclure les syndicats nationaux et équipes militantes les plus dynamiques et déterminées à faire valoir les revendications des personnels, s’est fondée sur une compréhension des besoins de renouvellement des pratiques et orientations syndicales dans la Fonction publique, mais pas seulement. En effet, avant même le grand mouvement social de l’automne 1995 contre le plan gouvernemental de réforme de la Sécurité sociale et de recul du droit à la retraite, la toute jeune FSU a inscrit dans son orientation et sa pratique l’unité public-privé et la nécessité de porter dans le débat avec les personnels les problématiques de réponses syndicales dans un monde se transformant sous l’offensive néolibérale. Cela s’est traduit en termes de pratiques syndicales, la FSU cherchant à démontrer que le fait de « faire avec les personnels », le fameux « syndicalisme à vocation majoritaire », n’avait pas pour contrepartie la recherche du plus petit dénominateur commun et donc au bout du compte l’inaction, mais était au contraire le gage de la force de l’action syndicale menée.

La FSU s’est donc construite non comme une simple nouvelle « fédération de fonctionnaires », mais comme une actrice syndicale soucieuse de contribuer par son apport original, et par sa compréhension des grands enjeux au mouvement syndical et aux alternatives sociales et économiques que celui-ci doit nourrir. Ses équipes militantes, ancrées dans la réalité des professions, alimentent cette réflexion fédérale par l’exercice concret de leurs métiers, fonctions, missions de service public. Plus de trente après, la Fédération a considérablement élargi son champ de syndicalisation et son implantation dans la fonction publique de l’État et dans la territoriale, où elle est désormais représentative. On peut ainsi constater que le syndicalisme défendu par la FSU lui permet de comprendre, d’analyser et d’agir pour porter haut et fort les revendications des personnels qu’elle défend, mais plus largement de l’ensemble du monde du travail. Elle est ainsi forte d’un syndicalisme qui s’ancre dans la réalité des métiers, des statuts et plus largement de l’ensemble du monde travail, de toute la société. Cependant, force est aussi de constater que cet élargissement a été limité et que la FSU reste identifiée au monde de l’éducation en tant que « secteur d’activité ».
Un syndicalisme qui articule ses revendications avec une perspective de progrès social pour toutes et tous
Sa structuration en 22 syndicats nationaux lui permet de promouvoir une défense d’une conception ambitieuse du service public, rendu par des personnels titulaires, loin de tout conservatisme syndical, ce qui lui permet de développer un syndicalisme dont les revendications ont comme ambition la défense et l’amélioration des situations de toutes et tous, fonctionnaires et contractuel⋅les. C’est cette volonté d’agir concrètement et de répondre aux enjeux sociaux et à l’amélioration des conditions faites à toutes et tous qui nourrit la vitalité du débat interne de la FSU et son souci de rassembler des majorités très larges, construites sur des synthèses les plus exigeantes possibles. De ce point de vue, la construction de la majorité qualifiée à 70% pour l’adoption de ses mandats et les principes garantissant le respect des minorités dans la composition des instances de la FSU, s’ils ont souvent surpris en dehors, sont objectivement un gage de solidité de ses constructions syndicales, de ses analyses et revendications. Le congrès a confirmé l’activité revendicative permanente de défense du statut général des fonctionnaires cherchant à chaque fois à traiter les problématiques statutaires tant du point de vue des personnels que de celui des usager·es. C’est cette approche qui explique l’attachement de la FSU à l’équilibre en droits et obligations qui fonde la conception du fonctionnaire-citoyen, caractéristique de notre modèle de fonction publique et de service public. Ceci amène la FSU à refuser tout corporatisme étroit et à penser les intérêts des personnels qu’elle défend toujours en articulation avec l’intérêt général. Car, bien qu’étant une fédération de la Fonction publique, tout le monde peut constater que la FSU travaille aussi toutes les grandes questions sociales et sociétales. De ce point de vue, elle développe des analyses et des propositions sur les enjeux de protection sociale ou de droits sociaux. Sa défense du « 100% Sécu » est d’ailleurs emblématique ! C’est forte de la compréhension conférée par son syndicalisme ancré dans les métiers et professions sur de nombreux sujets interprofessionnels, que la FSU intervient aussi sur les grandes questions intéressant le monde du travail ou la société dans son ensemble. Cette capacité lui est malgré tout parfois déniée au profit de la prise en compte de la seule représentativité des salarié·es du privé où seules 5 confédérations sont représentatives (CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC). Le problème n’est pas tant de ne pas être invité·es à certaines tables, surtout celles qui n’ont que l’apparence du dialogue social, que celui de la capacité de la FSU à appréhender tous les enjeux interprofessionnels et à peser sur le cours des choses.
Une illustration : la bataille pour défendre le droit à la retraite
Le combat contre la réforme des retraites de 2023 permet d’illustrer nombre de ces problématiques. D’abord, parce que, dans ce type de mouvement, la FSU s’appuie sur une mobilisation forte des champs professionnels dans lesquels elle est en responsabilité : elle parle au nom de dizaines de milliers de grévistes et manifestant·es, et elle parle même « avec » elles et eux, s’attachant à dire les réalités vécues au travail que le mouvement révèle, dénonce et veut faire changer. Ensuite, elle est sans doute l’organisation dont tout le monde voit qu’elle s’attache à valoriser l’unité intersyndicale. Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne fasse pas entendre des spécificités : ici, le rôle de la FSU pour mettre en avant les liens entre pensions de retraite et statut général des fonctionnaires a été déterminant pour unifier le mouvement public-privé et ne pas entrer dans le piège des divisions entre catégories de travailleur·euses dont on sait qu’elle ne mène qu’à des dynamiques perdantes pour toutes et tous. Toujours dans cette même idée, son ancrage dans la fonction publique, féminisée à 62% (et les secteurs où la FSU est forte sont encore au-dessus de cette moyenne) lui a aussi permis d’être fer de lance dans la mise en avant de la problématique spécifique des femmes concernant la retraite, et l’attaque spécifique qui leur est faite avec le recul de l’âge, notamment car elles sont, du fait de la réforme, plus nombreuses que les hommes à voir la perspective de carrières complètes s’éloigner, aggravant des inégalités déjà fortes. On voit là que développer des points spécifiques est tout sauf du repli corporatiste, cela apporte au contraire à la dynamique générale du mouvement. Il faut cependant constater que ce n’est pas chose aisée. Et puisque nous développons ici le sujet « retraites des femmes », on peut par exemple noter les difficultés devant lesquelles nous sommes depuis 2003 pour faire prendre conscience de l’attaque faite aux femmes fonctionnaires avec les suppressions de bonifications pour enfants, qui produit ses effets essentiellement aujourd’hui.

Quand la FSU n’est pas présente, par exemple lors des réunions plénières du « conclave », ce sujet n’étant pas mis en avant par les autres organisations. Il n’est pas entendu dans la discussion par le gouvernement et donc pas mis en avant par la presse qui rend compte de ces réunions. Même si la FSU s’efforce de le poser dans le débat public par d’autres voies, ceci n’a pas la même portée immédiate. Voilà une illustration que le syndicalisme FSU a toute son utilité dans la défense l’intérêt général du monde du travail.
La volonté farouche d’un syndicalisme face aux grands désordres sociaux et du monde
Depuis l’origine, la FSU entend porter haut la nécessité pour le syndicalisme de s’organiser pour relever tous les défis qui lui sont lancés, particulièrement dans le moment historique d’offensive du néolibéralisme qui cherche à fracturer nos modèles sociaux et les droits et garanties que ceux-ci confèrent au monde du travail. Le syndicalisme a un rôle crucial dans un moment où s’enchevêtrent les crises multiples, sociales, démocratiques, écologiques à tous les niveaux nourrissant les terreaux sur lesquels les extrêmes droites prospèrent, tant au niveau du pays que sur le plan international où la résurgence du phénomène guerrier et des barbaries témoigne de la nécessité de gagner des conquêtes sociales et de développer des solidarités pour défendre la paix. La FSU pointe de manière permanente les enjeux de l’unité syndicale et de sa permanence, aussi pour favoriser tous les rapprochements, sortir de l’émiettement syndical et de l’affaiblissement qu’il génère pour les rapports de force sociaux. Mais elle entend chercher à résoudre dans la pratique cette problématique. C’est pour cette raison qu’elle a eu sans cesse le souci de faire progresser la perspective d’un nouvel outil syndical. Le congrès de Metz en 2022 et celui de Rennes en février dernier ont été deux moments où elle a posé clairement des jalons pour avancer dans cette perspective. Ce dossier montre combien Unité et Action, comme courant très majoritaire depuis l’origine de la FSU, entend poursuivre sans relâche à travailler très concrètement le rapprochement, aujourd’hui avec la CGT, et demain avec d’autres organisations comme Solidaires.

Pour Unité et Action, la FSU est pleinement dans le rôle qu’elle s’est fixé : elle met en pratique ce qu’elle considère comme nécessaire pour la défense des personnels et de l’intérêt général du monde du travail.
Morane Le Deunf, Polo Lemonnier, Bruno Lévéder, Benoît Teste l