Promesses de Printemps

Serge Bontoux

Certes la « réforme » est désormais applicable, privant des millions de femmes et d’hommes de deux années de repos et de libération d’un travail qui, dans de trop nombreux cas, use les corps et les esprits.

Pour autant, s’agit-il d’une défaite pour le mouvement syndical et donc pour le salariat ?

Non ! Et ce pour plusieurs raisons, qui donnent l’espoir en des lendemains meilleurs.

D’abord, le syndicalisme français sort renforcé de cette période. Souvent stigmatisé, à juste titre, pour la faiblesse de ses effectifs, son émiettement, son impuissance, il s’est de surcroît vu refuser dès le début du premier mandat du Président Macron toute prétention à véritablement représenter l’intérêt général, voire même seulement le monde du travail. Chacun·e a vu, depuis plusieurs mois, ce qu’il en était : la France a vécu au rythme des mobilisations, puissantes et dignes, appelées par une intersyndicale au sein de laquelle la FSU a joué tout son rôle, pleinement en phase avec ses mandant-es, les travailleurs et les travailleuses.

Cette même unité syndicale, déclinée partout, a su également inventer les actions locales les plus variées permettant à toute la population de s’engager dans ce mouvement au long cours. Et maintenant, dans un effort pathétique pour revenir au centre du jeu politique, quémandant dans une opération Potemkine l’attention du pays, un Président délégitimé, à la parole démonétisée, court après une popularité perdue à force de brutalité politique, sociale et policière.

Par ailleurs la bataille de l’opinion a été gagnée : personne, en dehors du Président, de sa Première ministre et de communicants aux ordres, ne soutient le fond de la «réforme» dont chacun·e comprend bien qu’il ne s’agit que d’une opération financière, en rien destinée à améliorer le sort de la société française, mais bien d’amadouer les agences de notation et les investisseurs capitalistes nationaux ou étrangers. Une loi dépourvue de légitimité démocratique, au-delà des apparences institutionnelles, et qu’une alternance politique plus favorable au monde du travail n’aurait aucune peine à annuler.

Et puis, peut-être l’acquis le plus précieux, certes fragile et qui devra se vérifier à l’épreuve des luttes à venir - sur les salaires, sur les conditions de travail, sur la répartition des richesses ou le financement de la transition écologique - à savoir l’unité syndicale.

Et le Premier Mai, par son ampleur, l’a encore illustré.

Sans elle, rien n’aurait été possible, sans elle peu sera possible.

A nous de la cultiver : c’est le choix d’Unité et Action, aujourd’hui comme hier et demain.

Lire la suite du dossier dans le numéro d’enjeux 281