L'État doit financer l'Éducation
L’État doit financer l’Éducation artistique et culturelle
Grande absente du projet politique d’Emmanuel Macron, la Culture n’est pas une priorité gouvernementale. Seul le Pass Culture a été érigé en « chantier culturel prioritaire». Il est cependant aujourd’hui remis en cause. C’est un coup porté à la démocratisation de l’accès à l’éducation artistique et culturelle (EAC) pour les collégiens et lycéens, ainsi qu’au monde culturel, déjà bien fragilisé. Quant au haut Conseil de l’Education artistique et culturelle, sa possible suppression risquerait de précariser encore davantage l’Education artistique et culturelle (EAC).
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Un budget d’austérité
Le budget du ministère de la Culture est amputé de plusieurs millions d’Euros, et le budget consacré spécifiquement à « la transmission des savoirs et la démocratisation culturelle » perd 47 millions sur les 760 millions précédemment alloués, notamment en raison d’une diminution des crédits du Pass Culture de 40 millions. Quant aux coupes dans les budgets des collectivités territoriales, elles ont pour conséquence la poursuite du désinvestissement de certains départements et régions en faveur de la Culture. Par conséquent, les collectivités locales sont en grande difficulté pour poursuivre leur action de service public.
Arrêt brutal du financement du Pass culture
La part collective du Pass Culture est attribuée aux élèves des collèges et lycées de la Sixième à la Terminale. Elle est destinée à financer des projets d’EAC dans le cadre scolaire. Les coupes dans les dotations et les subventions aux établissements scolaires ont conduit les équipes à investir ce dispositif pour enrichir les pratiques artistiques et culturelles des élèves, en lien avec les enseignements. Or le financement du Pass culture s’est interrompu le 30 janvier dernier et sans préavis. Les équipes n’ont eu que 24 heures pour valider leurs projets sur la plateforme ADAGE, qui s’est retrouvée rapidement saturée. En quelques heures, de multiples projets ont été suspendus : visites de musées, ateliers artistiques, rencontres avec des écrivains, des réalisateurs, des artistes, spectacles… Cela relève du mépris pour les élèves et les professeur·es, et c’est de surcroît inacceptable en pleine année scolaire. Une interpellation intersyndicale a été envoyée à la ministre le 4 février pour le maintien du budget alloué à cette part collective du Pass Culture.
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Le HCEAC en danger
Cette instance de consultation et d’orientation qui existe depuis 2005 comprend des chercheurs et chercheuses, artistes et élu·es. Elle est à l’initiative de la Charte pour l’Education artistique et culturelle. Co-présidée depuis 2013 par Emmanuel Ethis, Recteur de Rennes et par les ministres de la Culture et de l’Éducation nationale, elle a pour mission de favoriser les échanges, approfondir la réflexion, et faire des propositions pour le développement de l’EAC. Elle est pourtant en danger : fin janvier le Sénat a adopté en première lecture la suppression de ce conseil à travers une proposition de Loi de la sénatrice Nathalie Goulet (Union centriste) au nom de sa supposée « inutilité ». Plusieurs membres du HCEAC ont envoyé un courrier à la ministre de la Culture et à la ministre de l’Éducation nationale, pour dénoncer le « gâchis » qu’occasionnerait une suppression éventuelle et l’absence de volonté politique à l’œuvre pour faire fonctionner ce Conseil.
Pour des dispositifs pérennes et financés.
L’État doit assumer tous les besoins éducatifs de l’École publique. Plutôt que de distribuer l’argent public aux entreprises culturelles, une politique soucieuse de développer les pratiques culturelles et artistiques et de démocratiser l’accès à la Culture est urgente. C’est une des conditions pour « faire société ». Cela passe par la construction concertée d’un projet politique, par le développement de politiques publiques et par des budgets à la hauteur des enjeux. Sandrine Charrier l
